Un traitement médical de l’obésité injectable, efficace et sans danger enfin ?
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Thérapeutique

Degré d'innovation
Important

Avancement
Validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Futur proche

Rédacteur
Docteur Patrick DELASALLE

Enthousiasme

À la une 11/10/2022

Un traitement médical de l’obésité injectable, efficace et sans danger enfin ?

En France, 17 % de la population adulte est obèse, ce qui représente plus de 8 millions de personnes. De nombreux traitement ont été testés, la plupart des molécules ont été retirées du marché du fait de leurs effets secondaires. L’activité physique et la nutrition sont souvent insuffisantes.


L’essai clinique de phase 3 surmont-1 a évalué l’efficacité du tirzepatide sur des patients avec un IMC > 30 x ou > 27 avec comorbidité dans le cadre d’un essai multicentrique, en double aveugle, randomisé et contrôlé versus placebo. Le tirzepatide est un peptide injectable hebdomadaire sous-cutané (approuvé par la FDA et l’EMA pour le diabète de type 2). C’est le premier agoniste ciblant à la fois les récepteurs du GIP et du GLP-1.


Les participants ont été répartis au hasard selon un rapport 1:1:1:1 pour recevoir du tirzepatide à une dose de 5 mg, 10 mg ou 15 mg ou un placebo, administré par voie sous-cutanée, une fois par semaine, pendant 72 semaines. Une intervention sur le mode de vie comprenait un déficit de 500 calories par jour et au moins 150 minutes d'activité physique par semaine. Les patients diabétiques étaient exclus. Les caractéristiques démographiques et cliniques initiales étaient similaires pour tous les groupes. En moyenne, l’âge était de 44,9 ans avec une majorité de femmes (67,5 %). Le poids corporel était de 104,8 kg et l'IMC de 38,0.


Avec la dose de 5 mg la variation moyenne de poids à la semaine 72 avec le tirzepatide était de -16,0 % (IC à 95 %, -16,8 à -15,2), soit une réduction de poids de 16,1 kg. Avec la dose de 10 mg, la variation de poids était de -21,4 % (IC à 95 %, -22,2 a -20,6) soit une réduction de 22,2 kg. Avec la dose de 15 mg -22,5 % (IC à 95 %, -23,3 à -21,7) soit une réduction de 23,6 kg contre le placebo -2,4 % (IC à 95 %, -3,2 à -1,6) et une réduction de 2,4 kg. 85 % (IC à 95 %, 82 à 89), 89 % (IC à 95 %, 86 à 92) et 91 % (IC à 95 %, 88 à 94) des participants au traitement à 5 mg, 10 mg et 15 mg de tirzepatide, respectivement, présentaient une réduction de poids corporel de 5 % ou plus à 72 semaines, contre 35 % (IC à 95 %, 30 à 39) des participants du groupe placebo.

 

Les facteurs de risques cardiométaboliques étaient réduits dans le groupe tirzepatide avec amélioration de la condition physique.

 

Le profil d'innocuité du tirzepatide était conforme aux résultats antérieurs des essais cliniques chez des patients atteints de diabète de type 2 et similaire à d'autres traitements à base d'incrétines pour le traitement de l'obésité. Des événements gastro-intestinaux transitoires, étaient légers à modérés, avec un taux d’arrêt de 6 %. On notera néanmoins une cholécystite non attribuée au traitement selon les auteurs.

 

Commentaires
 

Dans cet essai, les adultes obèses ont présenté des réductions de poids moyennes de 19,5 % et 20,9 % avec des doses respectivement, de 10 mg et 15 mg de tirzepatide, contre 3,1 % par placebo. Il s'agit de la réduction de poids la plus importante en réponse à un médicament anti-obésité par rapport aux résultats rapportés dans d'autres essais cliniques de phase 3. Étant donné que le tirzepatide agit à la fois sur les récepteurs GIP et les agonistes des récepteurs GLP-1, il est probable qu’il y ait un avantage additif à cibler plusieurs voies hormonales endogènes stimulées par les nutriments.


Dans cet essai, 1/3 des patients vont même dépasser la barre des 25 % de perte de poids, résultats retrouvés habituellement dans la chirurgie bariatrique, supérieurs à des molécules analogues du GLP-1 que nous utilisons régulièrement comme le liraglutide ou le sémaglutide.


Des essais sont en cours dans la NASH.


Nous n’avons pas d’information au-delà des 72 semaines, doit-on stopper ou poursuivre le traitement ?

 

La première question des patients sera sur la tolérance et l’innocuité du tirzepatide à long terme.


Les traitements de l’obésité doivent enfin être considérés au même titre que les traitements du diabète et de l’HTA.


Il nous reste à attendre une autorisation de mise sur le marché...

 

Références
 
Titre :

Un traitement médical de l’obésité injectable, efficace et sans danger enfin ?

Titre original :

Tirzepatide Once Weekly for the Treatment of Obesity

Auteurs :

Ania M. Jastreboff, M.D., Ph.D., Louis J. Aronne, Nadia N. Ahmad, M.P.H., Sean Wharton, Pharm.D., Lisa Connery, Breno Alves, Arihiro Kiyosue, Shuyu Zhang, M.S., Bing Liu, Mathijs C. Bunck, and Adam Stefanski, Ph.D. for the SURMOUNT-1 Investigators

Source(s) :

Article

Revue :

New England Journal of Medicine

Références biblio. :

N Engl J Med . 2022 Jul 21;387(3):205-216. doi: 10.1056/NEJMoa2206038.

Liens utiles
NEJM : accès au texte intégral via rubrique Revues en ligne du site SNFGE pour membres SNFGE à jour de cotisations
   
SNFGE.org