Risque de cancer du pancréas : maigrir c’est bien, ne pas grossir c’est mieux
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Prévention

Degré d'innovation
Important

Avancement
Validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Confirmation

Rédacteur
Professeur Vinciane REBOURS

Enthousiasme

À la une 13/01/2022

Risque de cancer du pancréas : maigrir c’est bien, ne pas grossir c’est mieux

L’obésité et le diabète sont deux facteurs de risque de cancer du pancréas bien connus. Ces 2 facteurs sont souvent associés et s’intègrent alors dans le cadre du syndrome métabolique (SdM) pour une large majorité des cas. L’influence des variations de statut du SdM (apparition, régression) sur le risque de cancer du pancréas n’est cependant pas connue.


Cette étude est une étude de cohorte coréenne à l'échelle nationale ayant inclus 8 203 492 adultes « sans cancer ». Chaque patient avait eu 2 « bilans de santé » biennaux (c’est à dire à 2 ans d’intervalle) organisé par l’assurance maladie coréenne entre 2009 et 2012 et ont été suivis jusqu'en 2017. Le SdM était défini comme la présence de 3 des 5 composantes suivantes (évaluées lors des 2 bilans de santé) : augmentation du tour de taille (90 cm pour les hommes et 85 cm pour les femmes), élévation du taux de triglycéridémie, baisse du taux HDL-C, HTA et diabète. Les participants ont été classés en 4 groupes selon l’évolution du SdM au cours du suivi : pas de SdM, régression SdM, survenue SdM ou SdM persistant.


Le suivi global était de 40 464 586 années-personnes, soient 5,1 ans en médiane. 8 010 patients ont développé un cancer du pancréas. Considérant le groupe sans SdM comme la référence, le risque de cancer du pancréas était : 

  • dans le groupe SdM persistant : HR 1,30 (CI95% 1,23-1,37),
  • dans le groupe survenue SdM : HR 1,17 (CI95% 1,09-1,25)
  • dans le groupe régression SdM : HR 1,12 (IC95% 1,04-1,21)

 

L'association entre les changements du statut SdM et le risque de cancer du pancréas ne différaient pas selon le sexe ou le degré d’obésité. 

 

Figure 1
Probabilité d’incidence du cancer du pancréas
en fonction du statut SdM


Figure 2
Risque de cancer du pancréas
pendant la période de l’étude selon le statut SdM

 

Commentaires
 

Cancer du pancréas, obésité et diabète, des facteurs de risque connus. Un certain nombre d'études ont confirmé qu’obésité et cancer du pancréas étaient associés de façon significative (et ce indépendamment de la présence d’un diabète ou d’un syndrome métabolique associés). L’une des plus grandes études prospectives a analysé les variables anthropométriques de patients et le risque de cancer du pancréas. Le risque de cancer du pancréas est augmenté de 45 % chez les patients ayant un IMC > 35 par rapport aux patients ayant un IMC de 18,5 à 25. Une méta-analyse, décrit un risque relatif de développer un cancer du pancréas augmenté de 1,11 lors d’une augmentation de 10 centimètres du tour de taille et lors d’une augmentation du ratio tour de taille/ tour de hanche de 0,1, il est de 1,19 ( 95% CI 1,09-1,31).


La relation entre diabète et cancer est plus complexe car le diabète est un facteur de risque établi de cancer du pancréas mais est également un phénomène « paranéoplasique », d’apparition fréquente dans les 3 années précédant le diagnostic de cancer. Le risque est de 1.91 (95%IC : 1,52-2,41) chez les hommes et de 2,05 (95%IC:1,43-2,93) chez les femmes. Ce risque est d’autant plus important que la durée du diabète est grande.


Pourquoi cet article est intéressant ? Si certains facteurs de risque de cancer du pancréas sont connus, la synergie liée à l’accumulation de ces facteurs de risque n’est pas clairement connue. Les études épidémiologiques de cohorte ou cas-témoins publiées ne proposent pas d’estimations du risque de cancer si les patients cumulent le tabac, l’obésité, le diabète... De plus l’intensité de l’exposition à ces facteurs de risque et leur variation au cours du temps n’est pas prise ne compte. Par exemple : quel est le risque d’un ex fumeur ayant fumé 20 paquets-années, sevré depuis 10 ans, devenu obèse depuis 5 ans versus le risque d’un fumeur exposé depuis 30 ans (3 cigarettes par jour) en surpoids ?  Nous ne savons pas répondre à ces questions. Ce travail étudie les conséquences de la variation de 2 facteurs (obésité et diabète) sur le risque de cancer en fonction du temps. La durée d’observation est très courte, 2 ans ! mais déjà une différence est notée et est significative. Cela démontre l’impact probablement majeur de ces variations au cours du temps avec des répercussions rapides.


La conclusion de ce travail serait qu’il n’est jamais trop tard pour changer (ce qui est vrai dans beaucoup de domaines) !  Maigrir c’est bien, ne pas grossir c’est mieux.

Références
 
Titre :

Risque de cancer du pancréas : maigrir c’est bien, ne pas grossir c’est mieux

Titre original :

Changes in Metabolic Syndrome Status are Associated with Altered Risk of Pancreatic Cancer: A Nationwide Cohort Study

Auteurs :

Joo-Hyun Park, Kyungdo Han, Jung Yong Hong, Young Suk Park, Kyu Yeon Hur, Gunseog Kang and Joon Oh Park

Source(s) :

Article

Revue :

Gastroenterology

Références biblio. :

Gastroenterology . 2021 Oct 13;S0016-5085(21)03623-4. doi: 10.1053/j.gastro.2021.09.070

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