Ces deux études pilotes, premières du genre dans le cadre de fistules ano-rectales complexes de la maladie de Crohn, nous interpellent forcément car elles rapportent les résultats intéressants et prometteurs de deux traitements originaux et innovants.
De surcroît, ces traitements s’inscrivent dans la lignée de la « médecine régénérative » initiée par les injections de cellules souches mésenchymateuses allogéniques « pures » avec des résultats en apparence similaires alors qu’il s’agit de produits autologues comportant en principe bien moins de cellules souches et par ailleurs relativement simples à préparer, plutôt bon marché et possiblement plus « safe ».
Cela explique sans doute la publication dans Gastroenterology (excusez du peu !) de ces deux essais pourtant non contrôlés, à petits effectifs et au suivi court, avec, cerise sur le gâteau, un éditorial d’accompagnement du Professeur Amy Lightner (Cleveland Clinic, Ohio).
Cependant, beaucoup de questions se posent aussi.
Outre bien sûr la nécessité de confirmer ces résultats par des essais contrôlés randomisés, il faudra déterminer le mécanisme d’action du tissu adipeux de l’étude danoise et de la fraction vasculaire stromale avec la micrograisse de l’étude française : effet lié à la présence de cellules souches mésenchymateuses et/ou à leurs facteurs de sécrétion aux propriétés immuno-modulatrices, anti-inflammatoires et régénératrices déjà connues ? effet lié à d’autres facteurs régénératifs produits par le tissu adipeux et/ou par certains progéniteurs endothéliaux ou leucocytaires ? rôle joué par le curetage et la fermeture de l’orifice primaire ? etc.
Il faudra également déterminer quel produit injecter, le moyen le plus simple de le préparer ainsi que sa quantité optimale. Il faudra enfin évaluer ces nouveaux produits par rapport aux cellules souches mésenchymateuses allogéniques qui tiennent actuellement la corde de l’actualité sur le sujet.
Il y a donc encore du chemin à faire mais, qu’on se le dise, concernant les fistules ano-rectales de la maladie de Crohn, nous sommes entrés dans le nouveau monde de la « médecine régénérative ».
Un petit pas pour nous mais un grand pas pour les patients ? L’Histoire nous le dira…