Dysphagie post-fundoplicature : ne pas se précipiter pour dilater… !
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Thérapeutique

Degré d'innovation
Faible

Avancement
Validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Immédiat

Rédacteur
Professeur Frank ZERBIB

Enthousiasme

À la une 27/01/2022

Dysphagie post-fundoplicature : ne pas se précipiter pour dilater… !

Après fundoplicature pour reflux gastro-œsophagien, 5 à 10 % des patients développent une dysphagie invalidante. Les études rétrospectives montrent que les dilatations pneumatiques peuvent améliorer 50 à 60 % des patients.

 

Une équipe hollandaise a mené une étude randomisée contrôlée comparant une dilatation au ballonnet de 35 mm à une procédure fictive (« sham ») chez 42 patients présentant une dysphagie persistante après fundoplicature. Les taux de succès thérapeutique (défini par un score d’Eckardt inférieur à 4) étaient identiques dans le groupe dilatation (33 %) et le groupe « sham » (38 %). Il n’existait pas non plus de différence dans les paramètres manométriques post-procédures, ni dans les évaluations effectuées à l’aide de scores symptomatiques et de qualité de vie. Les auteurs concluent qu’il n’est pas justifié de proposer des dilatations pneumatiques dans ce contexte.

 

Commentaires
 

Cette étude est très intéressante car c’est la première étude randomisée qui évalue l’efficacité des dilatations dans les dysphagies post-fundoplicatures.

 

A première vue, les résultats sont sans appel et doivent faire abandonner cette technique dont on rappelle qu’elle ne peut être proposée que si un problème « mécanique » ou « anatomique » au niveau du montage a pu être éliminé : hernie para-œsophagienne, migration intrathoracique de la valve, « slipped » Nissen. Ces complications sont évaluées par transit baryté ou mieux par TDM avec opacification digestive. Les dilatations ne s’adressent donc en théorie qu’aux patients chez qui une « hypercorrection » est suspectée (valve trop serrée). Dans l’étude hollandaise, seule une petite minorité de patients avaient un syndrome d’obstruction de la jonction oeso-gastrique, associant pression de relaxation intégrée (PRI) élevée en manométrie et/ou stase œsophagienne significative à 5 min sur le transit œsophagien minuté. Les dilatations ont donc été proposées dans cette étude majoritairement à des patients sans « hypercorrection » avérée ce qui peut expliquer l’absence de différence avec la procédure fictive. De plus, le taux non négligeable de succès des dilatations « fantômes » peut faire évoquer une proportion importante de patients avec dysphagie fonctionnelle.


En conclusion, en cas de dysphagie post-fundoplicature, avant de se précipiter sur les dilatations, il faut éliminer une complication anatomique et documenter une obstruction fonctionnelle de la jonction œso-gastrique (par manométrie et transit œsophagien minuté), seule situation dans laquelle les dilatations peuvent se discuter. Dans ces cas, il faut privilégier les dilatations avec des ballonnets de 30 et 35 mm, semblables à ceux utilisés dans l’achalasie.

Références
 
Titre :

Dysphagie post-fundoplicature : ne pas se précipiter pour dilater… !

Titre original :

Pneumatic dilation for persistent dysphagia after antireflux surgery, a multicentre single-blind randomised sham-controlled clinical trial

Auteurs :

Schuitenmaker et al

Source(s) :

Article

Revue :

Gut

Références biblio. :

Gut . 2022 Jan;71(1):10-15. doi: 10.1136/gutjnl-2020-322355.

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