Les patients souffrant du Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) craignent souvent d’avoir un cancer du côlon. Si on peut supposer qu’il n’y ait pas de lien entre les deux pathologies, les données de la littérature sont contradictoires les études rapportant une absence de lien, un risque augmenté ou au contraire une diminution du risque d’avoir un cancer du côlon en cas de SII.
Cette étude effectuée par une équipe chinoise a utilisé les données de l’UK Biobank en excluant les patients ayant une MICI, une maladie cœliaque et un cancer quel qu’il soit, et a comparé les patients avec SII à ceux sans SII comme groupe contrôle.
L’objectif principal était l’incidence globale des cancers et la mortalité spécifique par cancer. Les objectifs secondaires étaient les cancers en fonction du site et les types de cancers digestifs. La régression de Cox (modèle à risque proportionnel) a été utilisée pour étudier le risque de cancer et de mortalité par cancer.
Parmi les 449,595 participants, 22,338 (5 %) avaient un SII. Pendant un suivi médian de 12,2 ans, 2,937 cas de cancers incidents ont été identifiés chez les patients ayant un SII (11,47 pour 1,000 personnes-années), comparé à 60,556 cas dans le groupe contrôle (12,51 pour 1,000 personnes-années). Parmi ces cas, il y a eu 512 et 12,282 décès spécifiques par cancer respectivement dans les groupes de patients avec et sans SII. Comparé aux patients sans SII, pour les patients SII les odds ratio ajustés pour tous les cancers et la mortalité spécifique par cancer étaient de 0,97 (95% ICl: 0,93–1,00, P = 0,062) et 0,83 (0,76–0,91, P < 0,001). On notait une diminution du risque de cancer digestif (0,79 [0,71–0,89]), en particulier du côlon (0,75 [0,62–0,90]) et du rectum (0,68 [0,49–0,93]), parmi les patients ayant un SII. Des analyses complémentaires de sensibilité et en sous-groupe par âge et par sexe indiquaient des résultats similaires. Cette étude est donc en faveur d’une absence d’augmentation de risque global de cancer chez les patients ayant un SII en comparaison avec la population générale, avec même une diminution significative de la mortalité spécifique par cancer. De plus, les patients ayant un SII avaient un risque diminué de cancer colorectal.