Comment faciliter la mise en œuvre des régimes d’éviction dans l’œsophagite à éosinophiles ?
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Thérapeutique

Degré d'innovation
Important

Avancement
Non validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Futur lointain

Rédacteur
Professeur Sabine ROMAN

Enthousiasme

À la une 25/04/2023

Comment faciliter la mise en œuvre des régimes d’éviction dans l’œsophagite à éosinophiles ?

L’œsophagite à éosinophiles est une maladie inflammatoire chronique de l’œsophage déclenchée par l’exposition à certains allergènes alimentaires.

 

Les régimes d’éviction font partie de l’arsenal thérapeutique (comme les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et la corticothérapie locale). Les tests allergiques ne permettant pas de prédire la réponse au régime, des régimes empiriques sont proposés et nécessitent la réalisation d’endoscopies et de biopsies œsophagiennes répétées pour identifier les aliments responsables. La Cytosponge™ (petite brosse avalée par le patient, reliée à un fil pour permettre son retrait et réaliser un brossage œsophagien analysé en cytologie) a été évaluée comme outil non invasif de dépistage de la muqueuse de Barrett chez les patients avec reflux gastro-œsophagien et plus récemment comme test diagnostique pour l’œsophagite à éosinophiles.


Dans une étude prospective, l’équipe de la Mayo Clinic a testé la Cytosponge™ pour guider la ré-introduction des groupes d’aliments suite à régime d’éviction empirique chez des patients avec œsophagite à éosinophiles. Une endoscopie avec 8 biopsies œsophagiennes était effectuée avant et 6 semaines après un régime d’éviction de 6 groupes d’aliments (poisson, fruits à coque, œuf, soja, blé, produits laitiers). Chez les patients répondeurs (< 15 éosinophiles par champ à fort grossissement), un 1er groupe d’aliments était ré-introduit et une Cytosponge™ effectuée 2 à 4 semaines après la ré-introduction. S’il existait toujours une réponse cytologique (< 15 éosinophiles par champ à fort grossissement), un 2ème groupe d’aliments était ré-introduit ave nouvelle Cytosponge™ 2 à 4 semaines après la ré-introduction. Au contraire, en cas de récidive cytologique (> 15 éosinophiles par champ à fort grossissement), l’éviction du dernier groupe d’aliments ré-introduit était reprise et une nouvelle Cytosponge™ effectuée 6 semaines pour vérifier la réponse cytologique. Chaque étape de ré-introduction/éviction était guidée par les résultats d’une Cytosponge™ jusqu’à identifier le ou les groupes d’aliments à éviter pour maintenir une réponse cytologique. Quatre semaines après la dernière modification de régime, une Cytosponge™ et une endoscopie avec biopsies œsophagiennes étaient effectuées le même jour pour comparer les résultats des 2 examens.


Quarante et un patients ont été inclus (55 % de femmes), 30 patients étaient répondeurs au régime d’éviction de 6 groupes d’aliments et une éviction supplémentaire du maïs et des légumineuses était nécessaire chez 2 patients pour obtenir une réponse. Vingt-deux patients complétaient le processus de ré-introduction : un seul groupe d’aliments était en cause dans 46 % des cas, 2 groupes dans 27 %, 3 groupes dans 5 % et aucun groupe n’était identifié comme responsable de l’éosinophilie dans 23 %. En moyenne 7 examens par Cytosponge™ (extrêmes 5-9) étaient nécessaires pour identifier les groupes d’aliments en cause. Après le processus de ré-introduction, le résultat de la Cytosponge™ et des biopsies endoscopiques étaient similaires dans 59 % des cas ; dans 32 % des cas les biopsies endoscopiques retrouvaient un nombre d’éosinophiles > 15 alors que la Cytosponge™ était normale et dans 9 % la Cytosponge™ était positive alors que les biopsies endoscopiques négatives. Aucun effet secondaire de la Cytosponge™ n’était rapporté.
 

Commentaires
 

Cette étude confirme l’efficacité des régimes d’éviction dans l’œsophagite à éosinophiles avec un taux de réponse de 75 % pour une éviction de 6 groupes d’aliments. L’acceptabilité du régime est conditionnée par le nombre de groupes d’aliments à supprimer pour obtenir une réponse et par le nombre d’endoscopies à réaliser pour identifier ces groupes d’aliments. La Cytosponge™ est une alternative séduisante pour limiter le nombre d’endoscopies. Elle est facile de réalisation : une gélule de 3 cm contenant la brosse auquel un fil est attaché est avalée par le patient, la gélule se délite dans l’estomac pour libérer la brosse qui retirée 5 minutes après l’ingestion à l’aide du fil. L’acceptabilité par les patients était très bonne dans cette étude sans effet secondaire rapporté. Malheureusement, à l’issu du protocole de ré-introduction la concordance entre la Cytosponge™ et les biopsies endoscopiques n’étaient que de 59 % questionnant la fiabilité de la Cytosponge™ pour guider les ré-introductions dans les régimes d’éviction.

 

Les résultats de cette étude proposant la Cytosponge™ sont mitigés et ne permettent pas de recommander cet examen en remplacement de l’endoscopie. Si un régime d’éviction est envisagé dans le traitement de l’œsophagite à éosinophiles, une stratégie d’escalade avec éviction d’abord de 2 groupes d’aliments (blé, produits laitiers) puis élargissement à 4 ou 6 groupes d’aliments en cas de non réponse semble préférable si on veut limiter le nombre d’endoscopies.

Références
 
Titre :

Comment faciliter la mise en œuvre des régimes d’éviction dans l’œsophagite à éosinophiles ?

Titre original :

Use of the Esophageal Sponge in Directing Food Reintroduction in Eosinophilic Esophagitis

Auteurs :

Jeffrey A. Alexander, Karthik Ravi, Thomas C. Symrk, Tsung-The Wu, Crystal J. Lavey, Debra Geno, Alyssa J. Johnson, 1 Ryan J. Lennon, Margaret H. Collins, Evan S. Dellon, and David A. Katzka

Source(s) :

Article

Revue :

Clinical Gastroenteroly and Hepatology

Références biblio. :

Clin Gastroenterol Hepatol . 2023 Feb;21(2):299-306.e3. doi: 10.1016/j.cgh.2022.05.029.

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