La stéatopathie métabolique (NAFLD) et l’hépatopathie liée à l’alcool (ALD) partagent plusieurs caractéristiques physiopathologiques et cliniques. L’histologie hépatique ne permet pas toujours de faire la distinction entre les 2 pathologies. Étant donné que plus de 75 % des adultes en Europe et en Amérique consomment de l'alcool, et qu'environ 70 % des patients sont en surpoids ou obèses, la coexistence des facteurs de risque métaboliques et de consommation d'alcool rend difficile une distinction claire entre ces 2 pathologies.
Le but de cette étude était d’évaluer la consommation d’alcool par un marqueur objectif (éthylglucuronide dans les cheveux, hEtG) chez des patients étiquetés au préalable avec stéatopathie métabolique ou hépatopathie liée à l’alcool. Ce marqueur de consommation d’alcool à également été comparé à d’autres marqueurs uEtG (ethylglucuronide urinaire), questionnaire AUDIT-C, CDT (transferrine désialylée), VGM (volume globulaire moyen), GGT, ALD/ NAFLD index (ANI).
Au total, 184 patients ont été inclus prospectivement entre mars 2013 et novembre 2018 dans 3 centres Autrichiens : 114 avec stéatopathie métabolique (définie selon les critères EASL) et 70 avec hépatopathie liée à l’alcool. Il s’agissait majoritairement d’hommes (113, 61,4 %), d’âge moyen 54 ans et pour 40,2 % cirrhotiques. Dans le groupe stéatopathie métabolique, initialement 52.6 % (60/114) des patients avaient déclaré une consommation d’alcool faible (< 20g par jour pour les femmes et < 30g par jour pour les hommes) et 47.4 % (54/114) aucune consommation d’alcool. Dans le groupe hépatopathie liée à l’alcool, initialement 18.6 % (13/70) des patients déclaraient une consommation d’alcool et 81.4 % (57/70) une abstinence complète depuis au moins 6 mois. L’analyse de l’hEtG des patients classés « stéatopathie métabolique » révélait une consommation d’alcool modérée à excessive chez 29.8 % (34/114) des patients, après confrontation des résultats les patients admettaient une consommation plus importante que celle déclarée initialement. De même, dans le groupe « hépatopathie liée à l’alcool », 28.6 % (20/70) des patients avaient un hEtG positif témoin d’une consommation d’alcool modérée ou excessive dans les 6 derniers mois.
Concernant les autres marqueurs pour détecter une consommation modérée d’alcool : CDT, VGM, GGT, uEtG (seuil > 0.1 mg/l) et uEtG (seuil > 0.5 mg/l) avaient des aires sous la courbe ROC (AUROC) à 0.544, 0.500, 0.569, 0.766 et 0.659 respectivement contre 0.897 pour hEtG (Figure).
En conclusion, la détection de l’éthylglucuronide dans les cheveux a dans cette étude, une excellente performance pour identifier une consommation modérée ou excessive d’alcool notamment chez des patients initialement étiquetés avec stéatopathie métabolique.
Figure
Sensibilité et spécificité des marqueurs de consommation d’alcool pour la détection d’une consommation modérée
